Saint-Denis. Passage Dupont. Quartier en rénovation entre l'A86 et le Stade de France. Un chapiteau entouré par des dizaines de baraques de fortune. Un petit bidonville. Là se sont installées des familles roms après expulsion, l'été précédent.
Spartacus et Cassandra ont 13 et 11 ans. Depuis qu'ils ont été chassés de leur terrain par la police, ils vivent au chapiteau recueillis par Camille, une jeune trapéziste.
Lamuia, leur mère, est là de temps en temps, quand elle veut se reposer quelques jours de la dureté de la rue. Ursu, le père, fait la manche et dort sous un porche à Saint-Germain-des Pres. Il attend de réunir assez d'argent pour partir en Espagne. Une Espagne imaginaire qu'il conte à ses enfants comme un Eldorado où l'argent tombe du ciel. Jusqu'à ce mois de décembre 2010 où Camille les a trouvés complètement démunis, la petite famille vivait tant bien que mal et souvent grâce à la débrouillardise des deux enfants francophones.
Spartacus rêve de devenir le premier rappeur rom et de pouvoir un jour payer une maison à sa famille. Pour l'instant, Camille l'a convaincu de retourner à l'école, contre l'avis de son père "qui n'y trouve pas d'avantages". Sa soeur, Cassandra, est encore à l'école primaire. Elle travaille chaque soir la lecture et l'écriture avec Camille pour rattraper petit à petit son retard. Certains jours, au lendemain d'une descente de police, elle dit vouloir devenir policière. Pour protéger les Roms d'expulsions futures. Agée d'à peine 20 ans, Camille a décidé d'offrir à Spartacus et Cassandra l'attention et le cadre qu'ils n'ont jamais eu. Elle affronte, seule le plus souvent, les crises des enfants quand la culpabilité d'avoir un toit alors que leurs parents sont dehors les perturbe. Elle leur fait à manger, s'occupe de leurs devoirs, les emmène en vacances, court après cette enfance qui semble vouloir leur échapper. Une éducatrice spécialisée vient faire le point une fois par mois sur la situation. Elle a commencé a évoqué avec eux un placement en famille d'accueil. Un choc pour Spartacus et Cassandra qui n'envisageaient pas un moment de se séparer de Camille. Mais le terrain sur lequel le chapiteau est installé doit de toute façon être évacué avant septembre 2011. Un projet immobilier a été décidé sur ces parcelles par la mairie de Saint-Denis. Une nouvelle fois, les deux enfants risquent de se retrouver à la rue.
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